La fille de luneElle court, elle court, Alice, la petite fille,
La petite fille de lune.
Une brise fraîche et glacée agite sa robe immaculée.
Ses cheveux blonds cendrés sont emmêlés
Et ses pâles petits pieds, mouillés.
Mouillés ? Non, pas de rosée,
Le jour vient de mourir !
« Du sang du sang » crie-t-elle.
Elle court, rigole, cabriole,
Elle se roule dans l’herbe verte, c’est bon.
Maintenant sa robe est toute trempée,
Sœur Claudia ne sera pas contente,
Elle va peut-être encore déterrer le facteur dans le jardin ?
Les marguerites ne sont plus blanches mais d'un éclatant rouge carmin
« Du sang du sang » rit-elle.
Monsieur lapin est couché plus loin, dit Alice,
Lui non plus n’est plus blanc, c’est beau
La poupée de porcelaine est cassée,
Maintenant elle ne pourra plus l’embêter.
« Qu’on lui coupe la tête»
Elle rit, elle rit, la petite fille,
La petite fille de lune.
Le papillon aux ailes arrachées a cessé de bouger.
En haut, les étoiles brillent
Sa petite main pâle se lève pour effleurer le ciel
Sa chevelure blonde est étalée autour de son visage d’ange
Ses lèvres sont devenues bleues, c’est joli
Qui lui parle ? Alice se lève
Il a le même sourire que les autres
Ce sourire emplis de fausses promesses
Qu’est-ce qu’il dit ?
Elle ne comprend pas, elle sourit,
Il porte aussi des habits blancs
« C’est triste le blanc »
Il ne comprend pas, ils ne comprennent jamais
« Du sang, du sang » murmure Alice
« Qu’on lui coupe la tête »